Le premier camping-car électrique homologué en France n’a été commercialisé qu’en 2022, bien après la démocratisation des voitures électriques. Aucun grand constructeur européen n’a encore franchi le pas de la production de masse, malgré une demande en hausse et un cadre réglementaire de plus en plus strict.
Impossible d’ignorer la réalité : le marché français du véhicule de loisirs branché ne compte à ce jour que quelques références, disponibles à la vente ou en précommande. Ici, ce sont surtout les start-up et des constructeurs spécialisés qui mènent la danse. Autonomie limitée, poids conséquent, infrastructures de recharge encore timides : chaque modèle impose des arbitrages inédits, très loin des habitudes ancrées avec les camping-cars thermiques.
Où en est le camping-car électrique en France aujourd’hui ?
Le marché du camping-car électrique avance prudemment en France, secoué par la pression croissante de la réglementation européenne. Selon la Fédération européenne du caravaning, la quasi-totalité des véhicules de loisirs roulent toujours au gazole. Mais la donne évolue : le Parlement européen pose un cap, avec l’arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs à l’horizon 2035 et la neutralité carbone visée pour 2050. Résultat : la filière doit s’adapter à marche forcée, alors que les ZFE (zones à faibles émissions) se généralisent dans les grandes villes du pays.
Pour répondre à cette mutation, les constructeurs déploient plusieurs solutions. On distingue aujourd’hui trois grandes catégories de camping-cars électriques :
- 100 % électriques
- Hybrides
- Solaires
Le catalogue reste étroit, mais la dynamique s’installe, portée par une clientèle attirée par des voyages plus responsables. Les modèles purement électriques se démarquent par leur discrétion sonore et l’accès facilité aux ZFE, tout en restant limités par leur autonomie. Les hybrides, eux, cherchent à rassurer face aux contraintes de recharge, tandis que les propositions solaires tentent de repousser les frontières avec des solutions inédites.
Le couple poids-batterie demeure un défi technique : les accumulateurs alourdissent les véhicules, ce qui réduit la charge utile et la flexibilité d’usage. Quant au réseau de recharge, il progresse, mais reste insuffisant pour couvrir tous les besoins spécifiques des véhicules de loisirs électriques. L’Europe impose ce virage : la filière n’a d’autre choix que d’accélérer, même si la mutation sera progressive. La révolution du camping-car électrique ne fait que commencer sur les routes françaises.
Quels modèles de camping-cars électriques sont réellement disponibles sur le marché français ?
L’offre de camping-cars électriques en France s’étoffe lentement. Pour l’instant, ce sont principalement les fourgons aménagés et vans compacts qui occupent le terrain. Les grands constructeurs avancent à petits pas, mais quelques modèles tirent déjà leur épingle du jeu.
Les pionniers de la route
Voici les véhicules qui ouvrent la voie sur le segment :
- ElectriX chez Chausson et Challenger : installé sur une base Ford E-Transit, ce fourgon 100 % électrique revendique une autonomie de 80 à 100 km, parfait pour les trajets urbains ou de proximité, et un accès sans restriction aux ZFE.
- Mercedes EQV Camper : la version camping du monospace électrique propose jusqu’à 350 km d’autonomie, un aménagement soigné et la recharge rapide. Idéal pour des séjours régionaux, il séduit par son confort et la richesse de ses équipements.
- Volkswagen ID. Buzz Cargo Camper : ce van électrique revisite l’esprit du combi, avec 400 km d’autonomie annoncés, une grande modularité et une navigation connectée. Pensé pour les amateurs de road trip, il vise autant la ville que la nature.
Pour ceux qui cherchent le haut de gamme, Iridium EV et Dethleffs e-home montent en puissance. L’Iridium EV promet 400 km d’autonomie, mais un tarif qui tutoie les 200 000 €. Le Dethleffs e-home se distingue par ses généreux panneaux solaires.
L’innovation prend aussi d’autres formes. Le Stella Vita impressionne avec ses 17,5 m² de panneaux solaires et une autonomie annoncée de 3 000 km sans recharge externe. De son côté, EDub transforme des Volkswagen Combi en véhicules électriques, parfois équipés de moteurs Tesla, pour offrir jusqu’à 400 km d’autonomie.
La liste reste brève, mais le secteur s’agite. Fiat, Ford, Pilote, Peugeot, Citroën : tous testent ou annoncent des nouveautés. Les longs trajets restent le maillon faible, mais l’innovation s’accélère, portée par la demande et la législation.
Avantages, limites et retour d’expérience : ce qu’il faut savoir avant de se lancer
Le camping-car électrique attire pour une raison simple : voyager en silence, réduire ses émissions, circuler sans contrainte dans les zones à faibles émissions (ZFE) et maîtriser sa consommation d’énergie. Sur la route, le calme de la motorisation électrique change la donne : plus de bruit, moins de vibrations, une conduite plus douce grâce à la boîte automatique. À l’étape, certains modèles tirent profit de panneaux solaires pour alimenter les équipements à bord, du frigo au chauffage.
Mais la réalité impose de tenir compte de plusieurs obstacles. L’autonomie reste le principal frein, même sur des modèles comme le Mercedes EQV Camper (350 km en théorie, moins en pratique). Le PTAC (poids total autorisé en charge) devient vite un casse-tête : les batteries pèsent lourd, la charge utile en pâtit, ce qui limite parfois le nombre de voyageurs ou de bagages. Côté recharge, chaque étape nécessite un minimum de planification, et le réseau de bornes de recharge n’est pas encore à la hauteur des besoins spécifiques des véhicules de loisirs.
Sur le terrain, les retours d’expérience sont partagés : la conduite et l’accès libre aux centres-villes plaisent, mais la dépendance à la borne décourage les traversées au long cours. L’entretien simplifié du moteur électrique séduit, mais la lenteur de la recharge, surtout hors des grands axes, reste un point noir. Adapter son itinéraire, modérer son rythme, transformer une pause recharge en occasion de découverte : voilà le quotidien de l’utilisateur d’aujourd’hui, prêt à accepter le compromis entre liberté et autonomie.
Vers un nouvel art de voyager : les grandes tendances du camping-car électrique
Changement de cap pour le camping-car électrique : le road trip à la française se réinvente. Le diesel cède du terrain, laissant place à la discrétion et à la fluidité de la motorisation zéro émission. Les stratégies divergent : certains misent sur le tout-électrique, d’autres sur des hybrides, voire sur l’énergie solaire à l’image du Stella Vita et ses panneaux capables de subvenir aux besoins de la cellule sur de longues distances.
Ce qui marque ces nouveaux usages ? L’essor du van aménagé bi-mode, qui associe moteur thermique et électrique pour franchir sans restriction les zones urbaines ou les longues étapes. Les fourgons électriques compacts séduisent, grâce à leur gabarit maniable et leur accès facilité aux ZFE. Le Volkswagen ID. Buzz Cargo Camper et le Mercedes EQV Camper s’imposent comme des références, talonnés par des projets innovants signés Chausson, Challenger, EDub.
Le design suit le mouvement : optimisation du poids, nouveaux aménagements intérieurs, confort et modularité en ligne de mire. Les voyageurs soucieux de leur impact environnemental scrutent l’autonomie réelle, la gestion de l’énergie et le maillage des bornes de recharge. Le voyage itinérant prend une nouvelle dimension : chaque kilomètre appelle désormais à la sobriété et à l’inventivité.
Le camping-car électrique n’a pas encore livré tous ses secrets. Demain, sur les routes de France, il pourrait bien changer notre rapport à la mobilité et redéfinir l’aventure.


